Les amis de la Paroisse ND la Daurade
La Daurade une paroisse de Vatican II
Vatican II a été et restera dans l'histoire de l'Eglise un événement d'une importance capitale. Dès son élection, le pape Jean XXIII a voulu cet aggiornamento de l'Eglise catholique qui n'avait pas connu d'effort de réflexion interne d'une telle ampleur depuis le concile de Trente (1545-63). Bien évidemment, cet événement ne pouvait manquer de susciter des réactions et des sentiments opposés qui sont allés de l'enthousiasme le plus admiratif au rejet catégorique et immédiat, sans oublier les déceptions que les difficultés de son inscription dans la vie de l'Eglise n'ont pas manqué de provoquer. Quelques quarante années après sa clôture - 1965 - l'idée d'en mesurer l'impact dans une paroisse du centre ville de Toulouse, la Daurade, en est séduisante et certainement indispensable du point de vue de la recherche historique, dans l'optique de faire le point sur la façon dont ses orientations ont été interprétées, reçues et mises en œuvre ; elle n'en est pas moins redoutable, car nous côtoyons ainsi le domaine de l'histoire dite immédiate pour laquelle la prudence méthodologique des historiens doit être redoublée.
De ce fait, la communication proposée sera avant tout descriptive car le sujet, dans son extension territoriale réduite - une paroisse - ne saurait donner lieu à des interprétations approfondies qui vaudraient généralisation : il s'agit d'approche monographique pour observer une expérience paroissiale post-conciliaire, fondée sur la vertu prophétique d'un animateur hors pair, l'abbé Guy Chautard, curé de la paroisse de 1968 à 1986, un homme de foi intense, de conviction, chaleureux et visionnaire, capable de mobiliser les hommes et les femmes qui le côtoyaient. Il s'agit d'un témoignage, celui d'un paroissien qui est aussi historien de profession et acteur dans la paroisse surtout après 1975.
En voici les objectifs :
1 - Situer le contexte de cette expérience originale mais non unique dans une paroisse du centre ville de Toulouse vouée depuis quinze siècles à un culte marial très important - une Vierge Noire - très fréquenté dans l'histoire et aujourd'hui encore en raison du rôle de cette Vierge protectrice de la maternité, et autrefois de la cité.
2 - Présenter les orientations et les actes de cette expérience, analyser ou tenter de comprendre les paramètres qui l'ont sous-tendue, en liaison sans aucune équivoque pour Guy Chautard, avec l'œuvre du concile de Vatican II.
J'ajouterai les préliminaires méthodologiques suivants :
- Il s'agit en premier lieu, je le répète, d'histoire du temps présent ; ainsi certains paramètres de l'analyse risquent d'être absents ou défaillants, donc de n'être pas pris en compte.
- Le deuxième obstacle est lié aux difficultés dues à l'absence actuelle et peut-être définitive de sources institutionnelles : les cahiers du conseil paroissial, élément essentiel de l'expérience, inexistants peut-être avant 1974, sont pour l'instant introuvables malgré l'inventaire des archives de la paroisse qui a été récemment réalisé ; mais ce manque est, je pense, assez largement compensé sans doute par des documents émanant de l'abbé Chautard lui-même - homélies, articles - conservés dans les archives de la paroisse ou par de nombreux fidèles de cette époque.
En conséquence et compte tenu des sources actuellement utilisables, j'espère montrer toutefois l'intérêt de cette expérience de paroisse comme jalon, je le souligne de nouveau, de type monographique, dans une histoire de l'Eglise qui s'approfondira progressivement.
I - Le contexte global et la genèse des transformations d'une paroisse de centre ville à Toulouse
I - 1 - La paroisse de la Daurade
Paroisse du centre ville de Toulouse, située autrefois dans la premier capitoulat de la cité[2], sa basilique est l'une des trois plus anciennes églises de Toulouse, avec Saint-Étienne la cathédrale, et Saint-Sernin, construite en l'honneur de l'évangélisateur de la ville. Vouée à la Vierge très tôt sinon depuis ses origines, Grégoire de Tours la mentionne vers 585 sous le vocable de Sainte Marie de Toulouse ; elle abrite une Vierge Noire très vénérée de tous temps parce que protectrice des futures mamans, comme il a été dit, mais aussi de la cité toulousaine, les capitouls invoquant sa protection dans les catastrophes qui touchaient cette dernière.
Il y eut en ces lieux, dès le Ve siècle, au cœur même de la ville antique, une église paléochrétienne de style byzantin avec des mosaïques à fond d'or, d'où postérieurement son nom de Daurade - église dorée - peut-être chapelle palatine des rois Wisigoths maîtres de Toulouse de 418 à 507 ; cette église fut détruite au XVIIIe siècle et remplacée aujourd'hui par un édifice néo-classique typique de la fin des Lumières et du début de l'époque contemporaine.
Le quartier où elle est située compte aujourd'hui 3500 habitants, le double -7000 - du temps de l'abbé Chautard.
I - 2 - La paroisse au temps du chanoine Barthas
Emile Barthas était né à Mazamet le 30 juin 1893, mort curé de la Daurade le 10 juillet 1968 ; il avait un frère ecclésiastique dans le diocèse, Casimir-Noël, né en 1884 et mort en 1973 après avoir été vicaire ou curé de plusieurs paroisses toulousaines.
Né dans une famille chrétienne, le futur chanoine fut infirmier-brancardier, puis artilleur, pendant la guerre de 14-18 qui interrompit ses études théologiques. Mgr Saint-Gaudens, évêque auxiliaire de Toulouse, dit dans l'homélie qu'il prononça lors de ses obsèques, qu'il participa en 1919 à l'occupation en Allemagne où il se fit des amis allemands, chose sans doute digne d'attention en ce temps de nationalisme exacerbé.
Prêtre en 1921, vicaire à Revel puis curé de Blagnac, il ne put terminer une thèse qu'il avait engagée à l'Institut catholique. Nommé par le cardinal Saliège en 1951 supérieur du petit séminaire, il occupa cette charge jusqu'en 1956. Il vint alors à la Daurade où il seconda puis succéda en 1957 à Mgr Lassalle. Homme de foi selon son supérieur hiérarchique que je viens de citer, ce dernier ne peut s'empêcher de remarquer à propos du sens du sacerdoce qu'avait le chanoine Barthas, « témoin fidèle de la tradition sacerdotale » selon ses propos, qu' « on se pose aujourd'hui bien des questions sur le prêtre » : nous sommes dans l'été 68 !
Très sensible à la dévotion à la Vierge, il donna des extraits dans le bulletin qu'il avait créé en 1963 du livre qu'avait publié son frère Casimir sous le titre : Ce que la Vierge nous demande. Quant à son bulletin, il l'intitula Notre-Dame de la Daurade, reine des mères et soutien des foyers. Il y exprimait une théologie traditionnelle autour de la souffrance et de la pénitence. Ce bulletin était distribué par abonnement et le numéro 1 en précise les orientations ; voici ce qui est écrit dans ce qui est dénommé son « Acte de naissance » :
« Je suis né à Toulouse le samedi 27 octobre 1962...Sous les hospices de Notre-Dame du Rosaire et tout près de la Vierge Noire qui répand, depuis la Daurade, sa protection et son amour. ...
Le chanoine E. Barthas, curé-doyen de la Daurade, expose à un ami un projet de bulletin : « Il faudrait un journal, une revue, pour les fidèles de la Vierge Noire, spécialement pour les jeunes mamans ! »
C'était donc une préoccupation mariale et non de type essentiellement paroissial qui motivait le chanoine. Il est vrai que lorsque Mgr Garonne, archevêque de Toulouse, envoya Guy Chautard revenant du Tchad comme vicaire à la Daurade, c'était, selon les termes qu'il avait employés, « pour le gîte et le couvert », la paroisse ne lui apparaissait pas comme très vivante.
Cependant, par rapport au sujet qui nous intéresse, la réception du concile, ce bulletin fut sensible avant même l'arrivée de Guy Chautard à ce qui se passait à Rome. Dans le numéro 2 de 1964, c'est probablement le chanoine qui s'exprime dans un texte non signé intitulé « Le mois de Marie en temps de concile » :
« Vierge Marie, à quoi servirait à l'Eglise entière de faire au Concile une révision de vie, si chacun ne la faisait pour son compte ?
Vierge Marie, Notre-Dame du Concile, gardez-moi assez de jeunesse pour vivre cet événement capital de notre siècle et assez de souplesse pour m'adapter aux décisions de l'Eglise. »
Beau témoignage de l'engouement suscité par le concile chez un prêtre de 70 ans. Sous le titre « Extrait de la chronique paroissiale », dans le numéro 2 de 1963, est mentionnée d'ailleurs l'ouverture du Concile (11 octobre 1962) ; on y apprend qu'une grande cérémonie a été organisée ce jour-là à la Daurade, sous la présidence de Mgr Chansou vicaire général ; « Une foule très dense remplissait la vaste basilique ».
A partir de 1966, la griffe de Guy Chautard semble apparaître mais toujours sans signature. Dans le numéro 4 de 1966, juillet-août, on peut lire sous le titre « Est-ce toujours la même Eglise ? », une démonstration en sept points de la validité de l'œuvre des Pères conciliaires. Voici, dès le début de ce texte, le constat suivant et les interrogations du moment :
La Daurade une paroisse de Vatican II

Colloque
Retour sur l'Eglise de France après le concile, 1965-1975, Le regard de l'histoire
La paroisse de la Daurade à Toulouse, du chanoine Barthas au père Chautard
- René Souriac
Vatican II a été et restera dans l'histoire de l'Eglise un événement d'une importance capitale. Dès son élection, le pape Jean XXIII a voulu cet aggiornamento de l'Eglise catholique qui n'avait pas connu d'effort de réflexion interne d'une telle ampleur depuis le concile de Trente (1545-63). Bien évidemment, cet événement ne pouvait manquer de susciter des réactions et des sentiments opposés qui sont allés de l'enthousiasme le plus admiratif au rejet catégorique et immédiat, sans oublier les déceptions que les difficultés de son inscription dans la vie de l'Eglise n'ont pas manqué de provoquer. Quelques quarante années après sa clôture - 1965 - l'idée d'en mesurer l'impact dans une paroisse du centre ville de Toulouse, la Daurade, en est séduisante et certainement indispensable du point de vue de la recherche historique, dans l'optique de faire le point sur la façon dont ses orientations ont été interprétées, reçues et mises en œuvre ; elle n'en est pas moins redoutable, car nous côtoyons ainsi le domaine de l'histoire dite immédiate pour laquelle la prudence méthodologique des historiens doit être redoublée.
De ce fait, la communication proposée sera avant tout descriptive car le sujet, dans son extension territoriale réduite - une paroisse - ne saurait donner lieu à des interprétations approfondies qui vaudraient généralisation : il s'agit d'approche monographique pour observer une expérience paroissiale post-conciliaire, fondée sur la vertu prophétique d'un animateur hors pair, l'abbé Guy Chautard, curé de la paroisse de 1968 à 1986, un homme de foi intense, de conviction, chaleureux et visionnaire, capable de mobiliser les hommes et les femmes qui le côtoyaient. Il s'agit d'un témoignage, celui d'un paroissien qui est aussi historien de profession et acteur dans la paroisse surtout après 1975.
En voici les objectifs :
1 - Situer le contexte de cette expérience originale mais non unique dans une paroisse du centre ville de Toulouse vouée depuis quinze siècles à un culte marial très important - une Vierge Noire - très fréquenté dans l'histoire et aujourd'hui encore en raison du rôle de cette Vierge protectrice de la maternité, et autrefois de la cité.
2 - Présenter les orientations et les actes de cette expérience, analyser ou tenter de comprendre les paramètres qui l'ont sous-tendue, en liaison sans aucune équivoque pour Guy Chautard, avec l'œuvre du concile de Vatican II.
J'ajouterai les préliminaires méthodologiques suivants :
- Il s'agit en premier lieu, je le répète, d'histoire du temps présent ; ainsi certains paramètres de l'analyse risquent d'être absents ou défaillants, donc de n'être pas pris en compte.
- Le deuxième obstacle est lié aux difficultés dues à l'absence actuelle et peut-être définitive de sources institutionnelles : les cahiers du conseil paroissial, élément essentiel de l'expérience, inexistants peut-être avant 1974, sont pour l'instant introuvables malgré l'inventaire des archives de la paroisse qui a été récemment réalisé ; mais ce manque est, je pense, assez largement compensé sans doute par des documents émanant de l'abbé Chautard lui-même - homélies, articles - conservés dans les archives de la paroisse ou par de nombreux fidèles de cette époque.
En conséquence et compte tenu des sources actuellement utilisables, j'espère montrer toutefois l'intérêt de cette expérience de paroisse comme jalon, je le souligne de nouveau, de type monographique, dans une histoire de l'Eglise qui s'approfondira progressivement.
I - Le contexte global et la genèse des transformations d'une paroisse de centre ville à Toulouse
I - 1 - La paroisse de la Daurade
Paroisse du centre ville de Toulouse, située autrefois dans la premier capitoulat de la cité[2], sa basilique est l'une des trois plus anciennes églises de Toulouse, avec Saint-Étienne la cathédrale, et Saint-Sernin, construite en l'honneur de l'évangélisateur de la ville. Vouée à la Vierge très tôt sinon depuis ses origines, Grégoire de Tours la mentionne vers 585 sous le vocable de Sainte Marie de Toulouse ; elle abrite une Vierge Noire très vénérée de tous temps parce que protectrice des futures mamans, comme il a été dit, mais aussi de la cité toulousaine, les capitouls invoquant sa protection dans les catastrophes qui touchaient cette dernière.
Il y eut en ces lieux, dès le Ve siècle, au cœur même de la ville antique, une église paléochrétienne de style byzantin avec des mosaïques à fond d'or, d'où postérieurement son nom de Daurade - église dorée - peut-être chapelle palatine des rois Wisigoths maîtres de Toulouse de 418 à 507 ; cette église fut détruite au XVIIIe siècle et remplacée aujourd'hui par un édifice néo-classique typique de la fin des Lumières et du début de l'époque contemporaine.
Le quartier où elle est située compte aujourd'hui 3500 habitants, le double -7000 - du temps de l'abbé Chautard.
I - 2 - La paroisse au temps du chanoine Barthas
Emile Barthas était né à Mazamet le 30 juin 1893, mort curé de la Daurade le 10 juillet 1968 ; il avait un frère ecclésiastique dans le diocèse, Casimir-Noël, né en 1884 et mort en 1973 après avoir été vicaire ou curé de plusieurs paroisses toulousaines.
Né dans une famille chrétienne, le futur chanoine fut infirmier-brancardier, puis artilleur, pendant la guerre de 14-18 qui interrompit ses études théologiques. Mgr Saint-Gaudens, évêque auxiliaire de Toulouse, dit dans l'homélie qu'il prononça lors de ses obsèques, qu'il participa en 1919 à l'occupation en Allemagne où il se fit des amis allemands, chose sans doute digne d'attention en ce temps de nationalisme exacerbé.
Prêtre en 1921, vicaire à Revel puis curé de Blagnac, il ne put terminer une thèse qu'il avait engagée à l'Institut catholique. Nommé par le cardinal Saliège en 1951 supérieur du petit séminaire, il occupa cette charge jusqu'en 1956. Il vint alors à la Daurade où il seconda puis succéda en 1957 à Mgr Lassalle. Homme de foi selon son supérieur hiérarchique que je viens de citer, ce dernier ne peut s'empêcher de remarquer à propos du sens du sacerdoce qu'avait le chanoine Barthas, « témoin fidèle de la tradition sacerdotale » selon ses propos, qu' « on se pose aujourd'hui bien des questions sur le prêtre » : nous sommes dans l'été 68 !
Très sensible à la dévotion à la Vierge, il donna des extraits dans le bulletin qu'il avait créé en 1963 du livre qu'avait publié son frère Casimir sous le titre : Ce que la Vierge nous demande. Quant à son bulletin, il l'intitula Notre-Dame de la Daurade, reine des mères et soutien des foyers. Il y exprimait une théologie traditionnelle autour de la souffrance et de la pénitence. Ce bulletin était distribué par abonnement et le numéro 1 en précise les orientations ; voici ce qui est écrit dans ce qui est dénommé son « Acte de naissance » :
« Je suis né à Toulouse le samedi 27 octobre 1962...Sous les hospices de Notre-Dame du Rosaire et tout près de la Vierge Noire qui répand, depuis la Daurade, sa protection et son amour. ...
Le chanoine E. Barthas, curé-doyen de la Daurade, expose à un ami un projet de bulletin : « Il faudrait un journal, une revue, pour les fidèles de la Vierge Noire, spécialement pour les jeunes mamans ! »
C'était donc une préoccupation mariale et non de type essentiellement paroissial qui motivait le chanoine. Il est vrai que lorsque Mgr Garonne, archevêque de Toulouse, envoya Guy Chautard revenant du Tchad comme vicaire à la Daurade, c'était, selon les termes qu'il avait employés, « pour le gîte et le couvert », la paroisse ne lui apparaissait pas comme très vivante.
Cependant, par rapport au sujet qui nous intéresse, la réception du concile, ce bulletin fut sensible avant même l'arrivée de Guy Chautard à ce qui se passait à Rome. Dans le numéro 2 de 1964, c'est probablement le chanoine qui s'exprime dans un texte non signé intitulé « Le mois de Marie en temps de concile » :
« Vierge Marie, à quoi servirait à l'Eglise entière de faire au Concile une révision de vie, si chacun ne la faisait pour son compte ?
Vierge Marie, Notre-Dame du Concile, gardez-moi assez de jeunesse pour vivre cet événement capital de notre siècle et assez de souplesse pour m'adapter aux décisions de l'Eglise. »
Beau témoignage de l'engouement suscité par le concile chez un prêtre de 70 ans. Sous le titre « Extrait de la chronique paroissiale », dans le numéro 2 de 1963, est mentionnée d'ailleurs l'ouverture du Concile (11 octobre 1962) ; on y apprend qu'une grande cérémonie a été organisée ce jour-là à la Daurade, sous la présidence de Mgr Chansou vicaire général ; « Une foule très dense remplissait la vaste basilique ».
A partir de 1966, la griffe de Guy Chautard semble apparaître mais toujours sans signature. Dans le numéro 4 de 1966, juillet-août, on peut lire sous le titre « Est-ce toujours la même Eglise ? », une démonstration en sept points de la validité de l'œuvre des Pères conciliaires. Voici, dès le début de ce texte, le constat suivant et les interrogations du moment :
« Vous savez comme moi que beaucoup de fidèles sont encore étonnés par les changements apportés par le Concile. Si ce qu'on croyait hier n'est plus vrai, que faudra-t-il croire demain ? Et ces fidèles sont parfois encouragés par des prêtres dans cette façon de voir. Il me semble qu'il y a là un grave problème d'éducation pastorale pour lequel vous pouvez quelque chose. »
Pointe déjà ici une idée de recentrage sur la paroisse dont nous reparlerons, lié à un appel au réveil de la foi chez tous les chrétiens.
Des sept points de l'argumentation, je donnerai seulement les titres suffisamment explicites ; ils sont là pour réfuter les critiques et les oppositions aux décisions conciliaires :
- L'Eglise est faite pour le monde, (l'ouverture au monde du concile est donc justifiée).
- C'est Dieu qui fait le plan
- Ce n'est pas le premier tournant
- Tenir compte du moment historique
- Admettre le progrès
- Toujours dans la même ligne, (l'évangélisation)
- Sous la conduite de l'Esprit
Conclusion : déjà sous le chanoine Barthas, on relève des mentions du déroulement et de l'action du Concile. Et, en 1968, avant même sa mort, le bulletin de la Daurade imprimait dans ses colonnes des déclarations d'Eglise demandant une observation compréhensive des troubles de mai 1968, chez les étudiants et les travailleurs.
Ce bulletin ne se poursuivit pas au-delà de 1969. Les derniers numéros ont déjà une teinte plus engagée dans la vie de l'Eglise post-conciliaire et dans les événements : voici les titres de celui de l'été 68, « Messages des évêques de France » « L'Eglise au cœur des problèmes des hommes », « Le vrai socialisme selon Helder Camara », « Les enfants et la violence ». Restaient les remerciements à Marie et un article de Casimir Barthas, le frère du chanoine, « Notre-Dame catéchiste » où se trouve pourfendu le communisme marxiste et athée.
I - 3 - Un prophète, Guy Chautard
Né en 1925, mort en 2006, personnage charismatique doté d'un total franc-parler, cet homme à la foi profonde, a toujours fait preuve d'une grande qualité d'écoute et d'ouverture au monde ; très tôt sensible à la misère et à l'injustice dans le monde, il se rangea totalement jusqu'à la fin de sa vie du côté de l' « option préférentielle pour les pauvres », soutenant jusqu'à sa mort par exemple, la cause des Palestiniens.
Se sentant très tôt appelé au sacerdoce, dans Christ source de vie de 1980, sous le titre d'un article « Radioscopie d'un curé », il écrit ceci :
« Depuis l'âge le plus tendre, comme on dit, j'ai toujours pensé à être prêtre, ou plus exactement à être curé, pour être dans la foulée de Jésus. A huit, neuf ans, j'étais séduit par les cinquante-deux séquences des évangiles des dimanches...Je ne savais pas que Jésus était Dieu, mais je voulais suivre le Christ-Messie. »
Après le petit puis le grand séminaire, il est ordonné prêtre à 23 ans en 1948.
Vicaire de la paroisse et aumônier de lycée à Saint-Gaudens de 1948 à 1960, il déploie auprès des jeunes en particulier, une activité extraordinaire (excursions, projection de films, débats), et déjà hors des sentiers battus, comme lorsqu'il fait placer autour de lui, autour de l'autel, des jeunes filles élèves du lycée quand il dit la messe[3]. Il a toujours voulu être prêtre au milieu des hommes, d'abord physiquement.
Il répond en 1960 à un appel de Pie XII en ce sens et devient pour cinq ans prêtre Fidei donum au Tchad, expérience dont il a dit dans son jubilé des cinquante ans de sacerdoce à quel point elle lui avait appris comment « poussait l'Eglise » :
« Le Tchad c'était comme un désert ; j'ai vu le désert refleurir, j'ai vu l'Eglise qui commençait, je me suis trouvé au temps de Jésus-Christ... ».
On découvre ainsi l'une des références de son sacerdoce, l'enracinement dans le passé de la primitive Eglise, cette idée du commencement et du recommencement. Guy Chautard fut missionnaire en Afrique, il le fut toute sa vie, et sur tous les terrains qu'il a fréquentés.
Rentrant à Toulouse en 1965, son évêque Mgr Garonne l'accueille avec ces formules qu'il répétait souvent :
« Vous êtes délégué à la coopération missionnaire : ce sera votre travail. Je vous rattache à la Daurade pour que vous ayez gîte et couvert : c'est une vieille paroisse, il n'y a pratiquement rien à y faire ».
Qu'en était-il de la vie de la paroisse de la Daurade à cette époque, nous ne pouvons guère le savoir. Mais cette réflexion de son évêque le laissa perplexe : « instinctivement, écrit-il en 1975, ces conclusions pourtant raisonnées me paraissaient étranges ». Il n'a pas accepté en fait qu'on puisse imaginer de réduire cette vieille paroisse au sanctuaire marial : c'est le point de départ d'une expérience paroissiale qu'il va placer sous le signe d'une recherche pastorale inventive, à la lumière des enseignements du concile.
Il faut ajouter à cette première approche son ouverture aux courants divers qui traversent le monde, le concile avant tout qui est pour lui un immense bonheur, j' y reviendrais. Les documents qui sont conservés ne nous permettent pas de savoir jusqu'à quel point il avait pu être sensible aux avancées des théologiens français avant le concile ; ce que l'on perçoit c'est en tout cas son adhésion immédiate aux ouvertures théologiques et pastorales du concile de Vatican II.
Il n'a jamais été tenté, semble-t-il, par le marxisme, mais l'idée commune qu'on avait alors d'une révolution culturelle chinoise capable de sortir la Chine de sa torpeur l'avait séduit comme image d'un renouveau en œuvre.
Mai 68 l'a enthousiasmé. Il reste dans ses papiers une conférence qu'il a faite en mai au plus fort de la grève des cheminots qui l'a empêché, avec ses paroissiens, d'aller en pèlerinage à Lourdes.
« C'est peut-être très imprudent », dit-il d'aborder ces questions. « J'aurais mieux fait sans doute de vous parler de la dévotion à la sainte Vierge, ou de vous préparer aux fêtes de l'Ascension prochaine. Mais il me semble que nous ne pouvons pas éluder cette question que Dieu nous adresse, à travers les événements ». Il se réclame d'ailleurs de l'appel des évêques, Mgr Guyot et Mgr Saint-Gaudens, à un effort d'appréhension chrétienne de ce qui se passe.
Très prudent il n'en pointe pas moins les interrogations qu'un chrétien selon lui se doit d'envisager, ceci en trois points :
1 - Cherchons-nous à comprendre ?
2 - Essayons-nous de voir, au-delà des péripéties de surface le fond du problème ?
3 - Qu'est-ce qu'il faut faire ?
Texte fortement militant pour la nécessité du changement, pour la prise en compte d'aspirations de la jeunesse, contre le scandale des armements et l'absence de politique d'aide aux pays pauvres. En concluant sur l'idée que le monde attend de l'Eglise une parole forte en faveur de la justice.
J'ajouterai encore que cet homme de foi pour lequel rien n'était plus important que la communauté, a su accueillir auprès de lui des amis et des collaborateurs avec qui il partageait le quotidien de son existence. Au premier chef, le chanoine Gèze, l'ancien conseiller du cardinal Saliège, homme d'expérience, d'une grande sagesse, toujours très discret au séances du conseil paroissial où il était presque toujours. Guy Chautard a dit inlassablement combien il lui était attaché et redevable dans sa réflexion et dans son action. Il eut aussi dans son entourage des jeunes vicaires en formation venant des diocèses voisins, celui des Landes en particulier, puis les capucins italiens dont je vais reparler.
I - 4 - Le contexte général de l'Eglise
La situation du monde et de l'Eglise dans les années soixante du XXe siècle est sans doute très importante pour comprendre les positions et l'action de Guy Chautard. Il apparaît particulièrement sensible aux avancées théologiques antérieures au concile mais aussi aux crises qui découlaient des aspirations des mouvements d'action catholique en particulier. Cependant je n'ai pu retrouver de documents émanant de lui de cette époque, ce sont ces témoignages ultérieurs qui permettent de savoir qu'il suivait, sans doute avec sa passion coutumière, les débats théologiques, pastoraux et évangélisateurs de la période préconciliaire. Nul doute en tout cas qu'il n'ait été très tôt convaincu de la nécessité d'un aggiornamento dans l'Eglise en relation avec les évolutions du monde contemporain. L'appel au concile du pape Jean XXIII et sa réunion se sont trouvés désormais au cœur de sa vie de prêtre responsable de la partie du peuple de Dieu qui lui était confiée à Toulouse.
II - Un exemple d'expérimentation post-conciliaire
Nous allons procéder comme annoncé selon deux approches :
1 - Les actes
2 - L'objectif communautaire
II - 1 - Les mutations dans la vie paroissiale à la Daurade
- Sur le plan liturgique, dans la suite du concile et le respect des orientations de celui-ci concernant la participation active du peuple de Dieu aux célébrations, viennent des innovations dans l'aménagement de l'espace de la basilique dans les années 1969-70 sans qu'on puisse à l'heure actuelle en déterminer la chronologie précise : désertant l'ancien chœur de la basilique, la liturgie dominicale et celle des grandes fêtes se déploya désormais dans la nef et les deux transepts. Il y eut création d'un nouvel autel au milieu du transept, sur un grand podium à trois degrés ; au pied du grand autel du XIXe siècle, un troisième fut établi dans le chœur, pour les messes des matins de semaine selon la possibilité donnée par les textes d'application du concile de dire la messe face au peuple. On ne peut savoir comment ces décisions furent prises au sein de la paroisse, ni s'il y eut de la part du curé et de ses ouailles une interrogation d'ordre théologique sur cette succession d'autels. La rénovation de l'espace liturgique fut complétée par la suspension au-dessus du podium d'un lustre, d'architecture moderne, comme imitant les cercles olympiques.
Vers 1974-75 fut décidée en conseil paroissial une innovation spatiale pour les liturgies du temps pascal : il s'agit d'une réorganisation de la nef avec installation en son milieu d'une grande table longitudinale, les sièges se faisant face de part et d'autre de cette table.
Les maîtres mots dans ces décisions ont été : exaltation de la célébration eucharistique, participation de tous et convivialité autour du célébrant.
Ceci s'est caractérisé par le souci de liturgies festives : dès 1969, des jeunes musiciens et chanteurs se sont regroupés pour l'animation des chants autour d'un animateur dynamique, Christian Royer, fondateur de la chorale de la Daurade, présente pour les grandes fêtes. Mais l'objectif premier était de faire chanter le « peuple » et non de privilégier la chorale : des chants ont été désormais proposés à toutes les célébrations.
Pour les liturgies des grandes fêtes - veillées de Noël et de Pâques - des équipes nombreuses se sont organisées pour préparer ces liturgies festives autour d'un responsable qui n'était pas le curé, mais celui-ci était toujours présent dans la préparation, il présidait ensuite la célébration et prononçait l'homélie.
Autres innovations rendues possibles après le concile, l'institution de la messe anticipée du samedi, devenue un temps la plus importante[4], aujourd'hui supprimée ; et la pratique du baiser de paix avant la communion.
Mais la grande nouveauté sans aucun doute de ces temps, toujours pratiquée aujourd'hui dans la basilique, ce fut l'instauration également autorisée après le concile, de la communion sous les deux espèces, réintroduite à la Daurade dès 1969-70. Dans un « recyclage » qu'il avait conduit à la paroisse en 1976, et pour expliquer ce geste, Guy Chautard était parti de ce fondement absolu pour lui : « Si je suis prêtre c'est pour la messe » ; dans sa conception de l'Eucharistie il y avait une référence constante aux origines à la Cène ; la Cène c'est le « Corps livré » pour tous les hommes. « Ce qui est impressionnant, dit-il dans ce même recyclage, c'est que l'on a pu dire la messe sans y communier ... ». Et, dans la continuité de ses convictions, il poursuit : « Quand le Concile du Vatican a retrouvé la communion à la coupe, avec quelle peine l'Eglise a suivi, comme s'il n'était pas insolent quelque part, de célébrer l'Eucharistie ''comme Jésus nous a dit de le faire''...Redonner de l'épaisseur au geste eucharistique, dans la communion des deux espèces, c'est aussi un chemin de la présence réelle, concrètement du Christ dans l'Eucharistie ». Voilà la justification qu'il a fournie de cette pratique : elle continue tous les dimanches à la Daurade.
- Innovations institutionnelles et pastorales, toutes dans le sens d'une reconnaissance et d'une plus forte participation du peuple de Dieu dans la vie de l'Eglise.
- Le conseil paroissial
La première en importance est la création dès 1969 du conseil paroissial dont les principes vont être inventés progressivement et dont voici les principaux :
1er fondement, le lien prêtres-laïcs : ce conseil est formé des prêtres vivant dans la paroisse et actifs à son service - le curé Guy Chautard, le chanoine Gèze, les vicaires, les capucins plus tard - et de laïcs : très vite ceux-ci seront au nombre de 5 hommes et 5 femmes.
2ème principe, l'élection des membres laïcs du conseil par l'assemblée paroissiale. Des réunions spécifiques, dites assemblées générales de la paroisse, furent organisées en soirée à cet effet sous Guy Chautard. L'élection s'est faite plus tard dans le cadre des messes dominicales.
Tout en respectant par principe le volontariat des candidats, leur candidature n'en est pas moins sollicitée par l'assemblée avant constitution des listes : avait été instituée en somme une forme d'élection à deux degrés ; d'abord, dans un premier temps, désignation des candidats avec le concours de l'opinion de l'assemblée, mais possibilité pour la personne ainsi désignée de décliner l'honneur qui lui était fait ; dans un deuxième temps se déroulait à bulletins secrets l'élection, à partir d'une liste de candidats ayant accepté la proposition des paroissiens ; cette dernière comportait en général deux fois plus de noms que le nombre des postes à pourvoir. Cette modalité est restée la norme de la désignation des membres du conseil pastoral.
3ème principe : une mission temporaire pour les laïcs, quatre ans sans possibilité de réélection immédiate, avec renouvellement par moitié tous les deux ans de ces membres laïcs du conseil.
4ème principe, il concerne la mission du conseil ; il s'agit d'un principe actif de coresponsabilité souhaité et reconnu par le curé : le conseil débat des orientations à mettre en œuvre collectivement dans la paroisse ; il prévoit aussi les moyens de réaliser ce qui a été décidé. Des équipes se mettent ensuite en place pour la mise en œuvre des actions.
5ème principe, c'est celui de réunions périodiques avec ordre du jour préparé par le curé et un ou deux membres du conseil. Chacune des sessions du conseil donne lieu à un compte rendu oral auprès des assemblées dominicales, et à un compte rendu écrit inscrit par le secrétaire de séance sur un cahier du Conseil - malheureusement encore introuvable pour la période où Guy Chautard fut curé de la Daurade.
La mise en œuvre de ce projet paroissial fut longuement discutée dans la paroisse au cours d'assemblées et de groupes de travail. Son institutionnalisation a été théorisée et finalisée dans le cadre de ce qu'on a appelé d'un terme peut-être un peu grandiloquent la charte paroissialesur laquelle je vais revenir ci-après.
Autres avancées pastorales
- Les « recyclages »
Ce terme très à la mode dans les années soixante-dix du XXe siècle pour signifier la volonté d'adaptation aux nouvelles données professionnelles, sociales, politiques ou culturelles, s'applique alors à la Daurade à l'effort et à la nécessité d'une formation pour tous, une catéchèse visant à aider les fidèles à approfondir leur foi. Les recyclages se sont succédé au rythme d'un par an, Guy Chautard lui-même prenant en charge comme animateur les plus nombreux d'entre eux, mais la paroisse fit aussi appel à d'autres intervenants : le Père Besnard, dominicain, en 1976, pour un recyclage sur la prière à partir duquel sont nés quatre groupes de prière ; les recteurs de l'Institut catholique de Toulouse : le père Dutheil à propos du concept de communauté dans la primitive Eglise, le futur cardinal Eyt sur l'Eucharistie, plus précisément sur le canon de la messe, et aussi sur la papauté au moment de l'élection de Jean-Paul II... De même des paroissiens ont été invités à intervenir dans ce cadre[5]. Les différents thèmes de ces recyclages étaient retenus en conseil, après mure délibération et sur la base de propositions diverses venant de la communauté paroissiale. Les séances de recyclage étaient organisées en soirée, parfois en plusieurs étapes, et elles regroupaient de 100 à 120 participants. Ce type d'activité pastorale a toujours été très apprécié et continue encore même si les formes en ont été changées.
- Les repas informels pour faire mieux connaissance. L'idée en était de favoriser par tirage au sort, le mélange socioculturel des paroissiens : à l'issue des messes ceux qui tirent des papiers de même couleur sont invités à se concerter pour préparer un repas et à prendre date pour se retrouver pour ce partage salle à manger du presbytère.
- La catéchèse des tout-petits
Concernant les enfants de moins de 6 ans, elle fut lancée en 1975 avec le concours d'une sœur, sœur Marguerite Dissac, de la congrégation du Calvaire de la rue de la Dalbade à Toulouse, et elle connut un grand succès que l'archevêque, Monseigneur Collini salua de sa participation à l'une des célébrations.
- Quelques célébrations pénitentielles collectives.
Le 24 mars 1974, dans une homélie sur le sacrement de réconciliation à partir de la parabole de l'Enfant prodigue, « étonnante et merveilleuse » dit-il, écoutons Guy Chautard nous dire comment il s'est engagé dans cette voie :
« Nous sommes en train là de faire à travers l'absolution générale, un pas qui est bien plus important que de dire la messe en français...C'est une chose énorme, monumentale. Si on m'avait dit ça il y a 5 ans, j'aurais dit : quel est l'idiot qui a pensé des choses pareilles ? Et aujourd'hui, voilà que l'Eglise, dans un désir de renouveau, de retrouver l'Evangile, nous fait cette proposition. Saisissons-là avec crainte et tremblement mais aussi avec cette joie délirante du père qui voit là-bas, un enfant qui est tellement loin et qui ne sait pas comment faire pour que cet enfant vienne à sa rencontre et vienne se jeter dans ses bras ».
- La mission
L'action missionnaire a toujours taraudé l'âme de Guy Chautard, ce prêtre qui avait accepté d'aller au Tchad. Et c'est justement avec les missions du Tchad qu'allait se réaliser l'acte principal dans ce domaine avec l'accueil de jeunes prêtres capucins en partance pour ce pays. En effet, la province capucine italienne de Foggia avait repris les missions du Tchad tenues jusqu'en 1965 par les capucins de Toulouse. Douze jeunes prêtres dont 10 du temps de Guy Chautard, les autres avec Marcel Baurier, vinrent à Toulouse pour des séjours de un, deux ou trois ans. Ils venaient pour perfectionner leur français, mais leur rôle pastoral fut bien plus large que ne peut le laisser apercevoir cette finalité technique et au demeurant nécessaire pour eux. Ayant entre 25 et 30 ans lors de leur séjour, ils contribuèrent à former dans les années soixante-dix/quatre-vingts des groupes de jeunes dont sont issues plusieurs vocations de prêtres[6]. L'un de ces prêtres capucins, le père Rosario Pio Ramolo, est évêque de Goré, au Tchad, depuis 1999 ; un autre, le père Aldo Broccato est provincial de la province capucine de Foggia - sud de l'Italie. Un troisième, Raphaël Maddalena, a des responsabilités provinciales au Centre-Afrique.
Ce fut une expérience extraordinaire pour tout le monde, les prêtres, les capucins et les fidèles, tout à fait dans la ligne de l'ouverture universelle de l'Eglise postconciliaire, car des liens furent ensuite tissés avec le Tchad - par exemple une aide pour la constitution à Goré de la bibliothèque du collège.
-La présentation des lectures du dimanche et la prière universelle confiées à des laïcs. La présentation des lectures qui précèdent l'évangile a été un point important de l'intégration des laïcs à la célébration liturgique. Dans une homélie du 2 octobre 1977, intitulée « Tous au charbon ! » voici comment Guy Chautard aborde la question :
« ...depuis le Concile, nous avons compris que toute la première partie de la messe n'est pas une formalité, et que là aussi on se nourrit du pain de la Parole.
D'habitude le dimanche, c'est moi qui présente la lecture...Eh bien, à partir de dimanche prochain, je ne ferai plus cette présentation : je vous la laisse....
...il nous faut bâtir une Eglise et vite...cet exercice de communion fraternelle,...c'est un échange entre des frères, les frères qui parlent et les frères qui écoutent....
...il est dommage - je le dis parce que je le pense - que seul le prêtre élève la voix pour dire la résonance de l'Evangile dans son âme... »
Et il ajoute encore : « Quand nous en avons parlé au conseil paroissial, on a dit, est-ce qu'il ne faudrait pas que moi je le contrôle ? Eh bien non, je ne contrôle pas : je vous fait confiance, vous avez le Saint-Esprit... ».
Cette pratique a été abandonnée depuis de nombreuses années car sa justification théologique n'apparaît pas évidente ; en revanche, l'habitude dominicale de demander aux fidèles de préparer la prière universelle s'est maintenue.
Autres types d'avancées
Elles relèvent toutes de la volonté d'ouverture au monde. Citons,
- la participation incitative à la création d'un comité de quartier dans les années 1970 ;
- l'appui de la paroisse à des initiatives issues de membres de la paroisse, la Barque, créée vers 1980 par Chantal Moulas, lieu d'accueil pour les sans-abri, rue Peyrolières ;
- plus tard la création de la Maison Partage par Annie Dreuille, dans des locaux qui dépendaient de la paroisse, pour l'accueil et l'aide aux travailleurs sans emploi, en particulier dans le domaine de la formation.
Cet ensemble d'actes et d'avancées concerne les éléments fondamentaux de la vie d'une paroisse, aussi bien sur le plan pastoral - liturgie, prière, responsabilités du peuple de Dieu dans les orientations pastorales - que sur celui de l'insertion - ou de la tentative d'insertion - d'une paroisse dans son univers immédiat, celui des questions sociales locales, mais également dans celui de l'universalité de l'Eglise. Cette analyse factuelle peut servir à nous introduire au sens profond de la démarche initiée par Guy Chautard dans ces années de bouillonnement de l'Eglise où des recherches fécondes côtoyèrent des épisodes difficiles de crises parfois anciennes comme celles des mouvements d'action catholique, et plus encore celles du refus des nouvelles orientations conciliaires, celles aussi qui sont nées de ce foisonnement et des espoirs que le concile avait suscités.
II - 2 - Sens d'une expérience et relations avec le Concile
Cette dernière partie de la communication se fonde sur l'analyse de trois documents fondamentaux retrouvés dans les papiers de Guy Chautard[7], révélateurs de sa pensée et de ses motivations :
- Un recyclage sur le concile lui-même et son impact sur l'Eglise, datant de 1985, postérieur à la période étudiée mais éloquent sur les fondements conciliaires de la pensée et de l'action de Guy Chautard.
- Un écrit publié en 1977 dans la Revue Vocation, n°279, intitulé « La Daurade. Une paroisse au coeur de Toulouse », repris dans son livre Les petits chiens sous la table, publié chez Siloë en 1991, où il exprime sa conception de la communauté dans son sens chrétien.
- La « charte » de la Daurade promulguée en 1976
II - 2 - 1 - Fondements conciliaires de la pensée de Guy Chautard
C'est dans les documents préparatoires au recyclage qu'il anima en 1985 sur le concile de Vatican II que sont énumérés ce que furent pour lui les repères principaux et les références sur lesquels il se fondait dans l'œuvre du concile : il s'agit des quatre constitutions, Lumen gentium, Constitution dogmatique sur l'Eglise, Sacrosanctum concilium, Constitution sur la sainte liturgie, Verbum Dei, Constitution dogmatique sur la Révélation divine, Gaudium et spes, Constitution : l'Eglise dans le monde de ce temps. Mais lui-même ajoute à ces textes qu'il admire, l'encyclique de Paul VI, Populorum Progressio, publiée par le pape en 1967.
Voici les points fondamentaux retenus par Guy Chautard dans sa lecture du concile :
- Le premier accent fort qu'il perçoit dans l'œuvre du concile c'est le retour aux Ecritures, l'Ancien Testament un peu oublié, les trois lectures de la messe, le psaume,... la nécessité d'évangéliser l'Eglise, du pape aux fidèles, d'où son intérêt pour l'approfondissement de la foi dans le peuple chrétien et le soutien qu'il apporta à la création de groupes de méditation sur la Bible.
- Deuxième accent qu'il souligne, le retour aux sources de la liturgie, pour lui l'essentiel du concile parce qu'il y trouve un idéal, la « promotion » du peuple de Dieu : « le principal agent de la liturgie, c'est le peuple de Dieu tout entier (ministres et fidèles), et non les seuls ministres ». « Le but de la liturgie n'est pas la liturgie mais que la vie soit offerte en vérité », d'où son souhait d'une participation forte des fidèles dans des célébrations vivantes et priantes où le peuple de Dieu tout entier qui s'exprime dans sa langue maternelle puisse faire corps et communauté dans une participation active à la liturgie de la messe, dans tous les actes qui lui sont offerts - lectures, prière universelle, baiser de paix, communion sous les deux espèces....
- Troisième mouvement fort du concile, c'est la proclamation de l'Eglise comme peuple de Dieu. Guy Chautard avait repris et souligné intentionnellement dans sa présentation l'ordre rédactionnel de Lumen Gentium : autrefois, rappelait-il s'agissant de l'Eglise instituée par Jésus-Christ, on commençait par traiter de la hiérarchie puis des fidèles. Cette fois l'ordre est renversé : vient en premier le peuple de Dieu, l'ensemble ; l'ordre du texte retrouve ensuite ses parties traditionnelles : la hiérarchie, puis les laïcs, l'appel de tous à la sainteté, ensuite la vie religieuse.
Dans son exposé il est fait explicitement référence au texte du concile, au chapitre 10 de Lumen Gentium : « Le Christ Seigneur, Pontife pris parmi les hommes, a fait du peuple nouveau ''un royaume et des prêtres pour Dieu son Père''...
Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, tout en différant entre eux selon leur essence et non pas seulement selon leur degré, sont cependant ordonnés l'un à l'autre ; l'un et l'autre, en effet, participent, chacun selon son mode propre, de l'unique sacerdoce du Christ. »
Et voici les conclusions qu'il tirait de sa lecture sur le plan de l'action et de l'organisation en Eglise :
1 - Pour lui cette conception de l'Eglise du Christ telle qu'il la percevait dans les textes conciliaires ne pouvait que déclencher le processus synodal à tous les échelons, chaque autorité se devant de fonctionner avec des conseils, du plus haut niveau (papauté et Eglise universelle, évêques et diocèses) jusqu'au niveau local : les conseils pastoraux de paroisse. C'est pourquoi l'un de ses premiers actes fut de créer un conseil paroissial où pourrait s'exercer concrètement le concept de coresponsabilité prêtres-laïcs ;
2 - Il voyait dans cet exercice de la coresponsabilité le gage d'un réveil de l'Eglise locale, une Eglise plus à l'écoute de l'attente des uns et des autres et mieux à même de les prendre en compte ;
3 - D'où la nécessité pour lui d'un fonctionnement collégial, chacun participant à sa place à l'animation d'une communauté vivante ;
4 - Il situait enfin cette ouverture conciliaire dans le cadre d'un intense bouillonnement populaire (prière, mouvements charismatiques, l'engagement des laïcs dans la mission, la catéchèse), « bref, écrit-il, un avenir populaire de l'Eglise qui n'attend pas tout d'en haut. »
Ces convictions fortes, étayées par une lecture assidue des textes de l'Eglise, parcourent toute son action et l'évolution qu'il a imprimée à la vie de la paroisse. Il les a exprimées sur un plan plus théorique dans l'un de ses écrits - Vocation, 1977 - comme principe fondamental de sa vision de l'Eglise.
II - 2 - 2 - « La Daurade. Une paroisse au cœur de Toulouse »
Guy Chautard définit dans ce texte un idéal de communauté,celle-ci étant la visée fondamentale de cette expérience post-conciliaire.
La réflexion porte d'abord sur les points d'appui et les valeurs de base d'une communauté paroissiale. La conviction forte au point de départ est « toute simple » dit-il, « ...la transmission de la foi, la vie chrétienne concrète, la ferveur de l'esprit, l'élan missionnaire ont un lieu naturel irremplaçable qui est lacommunauté chrétienne - et la paroisse est (peut-être si on le veut) la réalisation concrète la plus aisée en même temps la plus équilibrée de ce genre de communauté. Ce que nous visons c'est la communauté et non la paroisse,... » mais celle-ci « est l'outil ». Cette conviction il la présente comme une intuition qui touchait aussi d'autres personnes avec qui il a lancé le mouvement.
- Equilibrée parce que la paroisse est faite de « nappes d'existences », diverses mais qui peuvent tomber au centre, « dans le tourbillon cultuel » où elles se retrouvent.
- Vivante parce qu'elle n'est pas liée à un territoire défini hermétiquement, des gens viennent d'ailleurs avec cette recherche d'un « vouloir vivre ensemble », ce concept qui structurait les communautés d'autrefois, dont Guy Chautard avait certainement fait l'expérience dans ce village de Saint-Félix-Lauragais dont il était originaire, concept sans doute trop relégué aujourd'hui, dans nos sociétés éclatées, au rang de souvenir.
Son article se poursuit par des exemples d'application concrète qui ne peuvent se comprendre selon lui que reliés à cet idéal communautaire : le soutien aux missions, le comité de quartier, les groupes de préparation au baptême.
Il reconnaît aussi les limites du schéma, la difficulté par exemple à articuler l'échelon local aux grandes questions de société : des appels restent sans réponse, l'accueil de l'étranger se trouve dans cette catégorie, mais aussi l'incapacité à appréhender correctement les aspirations des militants d'action catholique pour qui la paroisse n'est pas le territoire adéquat.
Cependant, pour lui, l'essentiel est la possibilité d'existence d'une communauté à taille humaine, concept fondamental qui permet l'expression d'une identité chrétienne concrète, où se parle le langage du temps, « l'accent galiléen » selon l'une de ses expressions familières, susceptible de susciter des vocations, trois dans cette paroisse dans les années 80.
Voici, dans son langage imagé de terrien convaincu, la conclusion de cet article :
« Pour conclure, à quoi peuvent prétendre les paroisses aujourd'hui, dans ce monde et dans cette Eglise ? A être, à côté des orchidées et des cèdres, les légumes ordinaires du jardin. A être, à côté d'expériences plus riches, la soupe et le rata du peuple de Dieu. Pourvu certes que la paroisse cherche à prendre corps, à être Corps : sans quoi elle ne serait que la vitrine plus ou moins réussie d'un culte ou un attrappe-sous de moyenne grandeur. Mais si aujourd'hui on voulait jouer à fond cette chance modeste, l'Eglise et le monde peuvent en être changés : les paroisses n'en cesseront pas moins d'être des minuscules éparpillées à longueur de page ; il faudra trouver des titres et mettre des majuscules, mais les mille petites lettes, n'est-ce pas nous ? »
II - 2 - 3 - La charte[8]
Elle fut discutée et élaborée en petits groupes, puis votée au cours de deux assemblées générales, et publiée sous le titre Construire une paroisse.Elle procède donc d'une élaboration collective, résultat des avancées réalisées depuis cinq ou six ans à ce moment-là, elle se présente comme un aboutissement mais plus encore comme une ouverture, comme si se fit sentir alors le besoin d'un cadre assez précis pour baliser le chemin et continuer la route.
Le document joint en annexe est constitué de trois parties :
- Bases de départ
- Visées d'ensemble
- Chemins qui s'ouvrent sous nos pas
Bases de départ
Je ne reviendrai pas longuement sur ce domaine car nous les avons déjà aperçues dans les approches précédentes :
- une paroisse ancienne mais ouverte,
- une commune avec une volonté de vivre ensemble,
- un lieu de dialogue,
- une communauté de chrétiens dont quelques-uns sont des prêtres,
- un lieu de réforme.
Les visées
Elles doivent être pensées et s'inscrire dans la vie de la paroisse, dans une vie d'Eglise, en fonction des trois cercles concentriques selon lesquels on peut appréhender le paysage chrétien ordinaire:
- Au plus large la grande paroisse, celle qui est constituée des saisonniers du culte, les familles d'horizons divers sur le plan culturel, plus ou moins éloignées de l'Eglise, qui viennent à l'église lors des mariages, des baptêmes et des enterrements,...les recommençant à croire. Tout ce peuple est à accueillir et à évangéliser non pas dans le sens d'un prosélytisme traditionnel mais autour de l'expression et de la communication de la Parole de Dieu qui s'adresse à tous.
- Le cœur du dispositif c'est la paroisse assemblée, formée des pratiquants. L'objectif est de les conduire à une vie chrétienne plus profonde, plus communautaire, plus priante.
- Troisième cercle, naturellement plus étroit, la paroisse volontaire, le noyau militant pour l'animation et l'ouverture missionnaire vers les non-chrétiens.
Les chemins
La charte les situe autour de dix entrées, chacune étant un moyen d'approfondir la foi de chacun par la visée communautaire qui reste l'objectif fondamental pour soutenir collectivement cet approfondissement et l'engagement qui peut s'ensuivre :
- La paroisse comme école et lieu de prière
- la vie sacramentelle : la pénitence, un peuple de pécheurs
- l'Eucharistie du dimanche construite par tous
- le soutien aux malades, les intégrer aux responsabilités communes par la réflexion et la prière
- le souci des anciens
- la recherche soutenant les initiatives spirituelles et pastorales nouvelles
- l'appel à se saisir du politique, mais à la lumière de l'Evangile
- le retour à l'Ecriture, des groupes bibliques à constituer pour un meilleur dialogue avec les protestants et les orthodoxes ; ils sont venus plus tard
- le lien avec l'Eglise diocésaine
- l'apprentissage de l'universel, la mission, les étrangers, le développement
Quelques conclusions
Cette expérience fut incontestablement enthousiasmante pour les participants. Une communauté vivante s'était instaurée malgré la diversité de ses membres venus souvent d'horizons géographiques éloignés, et où les différences sociales, politiques et culturelles étaient fortes. Ce fut pour beaucoup l'origine d'un vrai ressourcement de la foi dont il faut souligner la continuité d'esprit jusqu'à aujourd'hui, même si les contextes ont changé considérablement.
L'abbé Chautard, en fidèle et obéissant serviteur de l'Eglise qui l'avait fait prêtre, a toujours conçu sa vie et son action dans l'absolu respect de l'Eglise établie. Nul doute pour lui que l'expérience devait s'inscrire dans les orientations de l'Eglise définies par le concile, et seulement dans ce cadre précis. Respectueux de la hiérarchie, il n'a rien promu qui ne puisse être approuvé par elle, et, de fait, il a toujours bénéficié du soutien des évêques, Monseigneur Guyot et Monseigneur Collini, souvent présents à la Daurade. Il n'hésita pas non plus à faire retour en arrière - absolution collective abandonnée - lorsque la critique se fit forte ; et lorsque Rome jugea que le Per ipsum ne devait être proclamé que par le prêtre, il en informa l'assemblée dominicale qui s'abstient depuis de le réciter avec le prêtre.
L'abbé Chautard eut l'intime conviction qu'il marchait toujours dans les pas de l'Eglise, presque avec la même vénération qui consistait autrefois à invoquer « notre sainte Mère l'Eglise ». Il eut aussi l'intime conviction d'avoir toujours été fidèle, dans la lecture qu'il en faisait, aux orientations du concile.
Ce fut en tout cas une époque d'inventivité collective extraordinaire, sous l'égide d'un pasteur qui n'a jamais été jaloux de son pouvoir, intimement convaincu que c'était au peuple de Dieu à se prendre en charge, toujours prêt à laisser à chacun la place à laquelle il pouvait prétendre compte tenu de ses talents et de ses centres d'intérêt.
Cependant le droit canon de 1983 n'a pas entériné l'avancée la plus significative, la création d'un conseil pastoral, qu'il situe depuis cette date au niveau du doyenné et non de la paroisse. Il est vrai toutefois que le synode de Toulouse en 1992, dans son chapitre V, inscrit dans son paragraphe 2,
« Conseils pastoraux :
- Des conseils pastoraux seront mis en place à tous les niveaux : paroisse, doyenné, zone, diocèse. »
C'est de tous temps une question fondamentale de savoir celle du niveau le meilleur pour faire Eglise. Cette interrogation pose inévitablement la question des responsabilités et de l'autorité. Guy Chautard pensait que la paroisse pouvait être un bon espace et une bonne méthode pour réaliser cet objectif auquel le Christ appelle tous les hommes pour construire son Eglise ; parce que c'était à ses yeux un endroit où on peut faire communauté. Mais à la condition, pour faire une communauté libre et croyante, que chacun puisse, selon ses compétences, participer à la décision, prêtres et laïcs en coresponsabilité, parce qu'il était persuadé que les uns et les autres pouvaient vivre ensemble leurs différences, même de statut, par l'interconnaissance, l'écoute et le dialogue, et collaborer ainsi au progrès de l'Evangile, l'objectif premier de la vie chrétienne. Il n'y avait pas pour lui de contradiction fondamentale entre cette vision communautaire de l'Eglise et sa structure hiérarchique qu'il a toujours respectée et à laquelle il a obéi : l'équilibre défini au sein du conseil pastoral entre lui, le pasteur institué pour faire communion avec l'Eglise universelle, sa foi, ses dogmes et ses orientations pastorales, et les autres membres aux responsabilités liées à la vie de l'Eglise locale, permettant l'élaboration concertée d'actes et de gestes visant l'approfondissement de la foi commune. S'agissait-il d'un pari ? S'agissait-il d'un défi ?
Guy Chautard, en tout cas, confiant dans l'homme éclairé par l'Esprit, a pensé qu'une intégration des laïcs à la vie de l'Eglise par leur intervention dans les décisions et pas seulement au niveau des services était un gage d'avenir pour l'Eglise.
[1] Professeur émérite, Université de Toulouse II le Mirail (histoire moderne)
[2] - La Toulouse médiévale et moderne était composée de huit capitoulats, chacun élisant tous les ans son capitoul, celui de la Daurade étant le premier en rang dans la cité.
[3] - Témoignage particulier
[4] - La suppression du parking au bas des quais de la Daurade a joué un rôle non négligeable dans cette désaffection, les changements de comportement des personnes en fin de semaine jouant aussi leur rôle.
[5] -C'est ainsi qu'en tant qu'historien, Guy Chautard et le conseil paroissial m'avaient demandé de préciser les différentes formes de communautés à travers l'histoire ;
[6] - Trois pour le moins compte tenu du repérage qu'on peut en faire aujourd'hui.
[7]- Je remercie Annie Durigon, ancienne paroissienne de la Daurade, de m'avoir permis de consulter l'ensemble des archives qu'elle a constituées et collectées sur l'action de l'abbé Chautard depuis les années soixante-dix du XXe siècle.
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Une basilique chargée d'histoire.
Cette magnifique Bailique héberge la Vierge Noire... Cette Vierge est la protectrice de la ville de Toulouse, mais aussi la protectrice pour les femmes enceintes...
La Basilique de la Daurade s'élève au bord de la Garonne, vraisemblablement sur l'emplacement d'un temple dédié à Minerve. Elle se situe, sur les bords de la rive droite, en face de l'Hôtel-Dieu Saint-Jacques, jouxte les beaux-arts et surtout le port de la Daurade.
Ce qui est certain, c'est que, dès le Vème siècle, fut érigé, en cet endroit "le sanctuaire marial le plus antique de la Gaule". Cette Eglise est un monuments en relation trés édroite avec le Vatican car en 1876 S.S. Pie IX érigea l'Eglise de la Daurade en Basilique mais aussi le 2 mars 1946 en présence de toutes les autorités civiles, militaires et académique, la barette cardinalice y fut remise solennellement à Mgr Saliège, Archevêque de Toulouse, par son excellence Mgr Roncalli, Nonce Apostolique, devenu depuis le Pape Jean XXIII.
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